Saviez-vous que de nombreuses inventions ont été découvertes par erreur ? Les cookies, les chips, les post-it et les rayons X sont autant d’exemples d’erreurs devenues des réussites nous rappelant que l’erreur est humaine !
Mais si l’erreur est considérée par les philosophes anciens comme le propre de l’Humanité, peu de place lui est malheureusement encore accordée aujourd’hui dans notre société. Dans une course effrénée vers les résultats, nous en oublions parfois que se tromper permet d’apprendre. Les erreurs, encore trop souvent soulignées au bic rouge dans le cadre scolaire, sont bel et bien indispensables aux apprentissages et au développement de l’enfant.
En effet, la science a prouvé que le cerveau apprend en se trompant. Le cerveau humain prédit, constate et s’adapte continuellement en fonction des expériences faites par l’enfant. Au quotidien, l’enfant se trompe, recommence, persiste. Puis, un jour, il réussit. Il a alors intégré l’apprentissage. Les enfants ont donc besoin d’expérimenter pour devenir des experts dans la fonction qu’ils sont en train d’acquérir.
Pourquoi est-il intéressant de laisser un enfant se tromper pour son développement cognitif ?
« L’erreur est le témoin des processus intellectuels en cours, comme le signal de ce à quoi s’affronte la pensée de l’enfant aux prises avec la résolution d’un problème » (J.P Astolfi).
L’erreur permet au cerveau de s’adapter et de se réajuster. Grace aux expériences faites par l’enfant, des tentatives et des essais vont se connecter entre eux pour former des synapses et permettre l’échange d’informations au sein de leur corps. Les synapses vont ensuite permettre l’apprentissage et l’usage de toutes les fonctions nécessaires au développement. L’expérimentation réussie ou erronée va donc permettre le développement et la consolidation des synapses dans le cerveau de l’enfant. Il est essentiel pour le jeune enfant de tester, de toucher et de se tromper. Une erreur dans la réalisation d’une tâche va permettre à l’enfant de réajuster sa manière de faire et de finalement trouver une solution. D’un point de vue cognitif, l’erreur facilitera l’évaluation d’une performance, d’un écart au but ou encore aidera à la réalisation d’une tâche et au développement des connaissances. L’enfant se construit en expérimentant et en testant ses capacités.
Pourquoi est-il intéressant de laisser un enfant se tromper pour son développement psychoaffectif ?
L’enfant va comprendre et apprendre que face à une difficulté, il est en mesure de trouver des solutions de manière autonome et que la plupart des erreurs peuvent être corrigée. L’enfant sera alors plus enclin à tester de nouvelles expérimentations. Il va s’ouvrir et être curieux. Il n’aura pas de crainte à apprendre de nouvelles pratiques, il pourra faire des choix en confiance, en sachant qu’il pourra toujours réajuster sa posture si cela ne convient pas. L’enfant a besoin de comprendre que les erreurs sont nécessaires, elles l’aident à mieux prendre conscience de ses forces et de ses difficultés et lui permettent de faire appel à ses propres ressources pour s’adapter à différentes situations. En envisageant l’erreur non pas comme un échec mais plutôt de manière positive, nous donnons toutes les bases nécessaires à l’enfant pour qu’il puisse développer sa confiance en soi et l’encourager au dépassement de soi. N’oublions pas non plus que nous sommes les premiers modèles de nos enfants et que le rapport que nous entretenons avec nos échecs et ce que nous en faisons participe également à la valence émotionnelle que l’enfant donnera à ses propres échecs.
Quel regard portons-nous sur l’erreur au sein du 213 Centre thérapeutique ?
Les patients rencontrés au 213 arrivent souvent à nos consultations avec l’idée reçue que « l’erreur » est équivalent à « l’échec » et parfois même qu’elle signifie qu’ils sont porteurs d’un trouble ou d’une pathologie. Leur estime d’eux-mêmes est très souvent touchée face aux erreurs commises dans le cadre scolaire ou face aux apprentissages. S’il est vrai que certaines erreurs ou contextes dans lequel elles sont produites peuvent être des signes cliniques d’un trouble cognitif, rappelons, nous l’avons vu plus haut, que se tromper et faire des erreurs, est humain et permet d’apprendre. Un enfant peut tout à fait faire des erreurs dans ses apprentissages sans pour autant présenter une pathologie clinique.
Il est d’ailleurs intéressant d’observer le type d’erreur que l’enfant ou l’adolescent va commettre en consultation. Est-ce qu’il s’agit d’erreurs d’inattention ? D’une erreur de compréhension de la consigne ? D’une erreur de compréhension de la matière ? D’une erreur liée à une émotion ?
Nous observerons également ce qui aide l’enfant face à l’erreur et s’il arrive à la dépasser avec différents supports (évaluation dynamique). Il est également important pour nous d’évaluer si l’enfant a conscience de ses erreurs, s’il s’en rend compte, s’il est capable de s’auto-corriger ou de se corriger si l’erreur commise est soulignée. Un enfant capable de se corriger a peut-être simplement été trop vite ou s’est montré anxieux face à la tâche proposée.
Nous sommes également soucieuses du rapport que l’enfant entretient face à l’erreur. Bien souvent, l’erreur est ressentie comme un événement négatif. En effet, comme toute prise de décision implique un choix au risque de se tromper, la peur de faire une erreur peut donc engendrer une absence d’audace ou de décision. Si elle est assimilée à un échec général personnel, elle conduira parfois les enfants et les adolescents à une peur de commettre des erreurs qui peut devenir pathologique. Si d’un point de vue rationnel, il serait parfaitement logique et productif d’accepter d’apprendre de ses erreurs, il existe cependant des biais psychologiques et des facteurs culturels qui nous en empêchent.
Après tout cela, n’avez-vous pas envie d’apprendre à porter un autre regard sur vos propres erreurs et celles faites par vos enfants ? Rappelons-nous que l’erreur laisse aussi la place à l’inattendu, à la surprise et à la créativité !

Zoé Campus
Psychologue clinicienne ~ Thérapeute du développement ~ Thérapeute par le Jeu et la Créativité

Melodie Schreiber
Neuropsychologue