Le sommeil fait partie intégrante de la vie de chaque être humain. Néanmoins, il est propre à chacun et parfois la cause de nombreuses demandes de consultations. Alors comment accompagner son enfant vers un sommeil doux et réparateur ? Petit tour d’horizon de ce besoin primordial.
Besoin physiologique

Le sommeil est une fonction centrale. Un sommeil de qualité aide au développement de l’enfant et favorise ses apprentissages. A l’inverse, ne pas dormir suffisamment ou d’un sommeil de mauvaise qualité peut avoir un impact sur la santé de l’enfant, ses capacités cognitives, son comportement, la gestion de ses émotions, etc.
Le sommeil s’inscrit dans un rythme circadien de 24 heures. Le rythme circadien de veille- sommeil est en quelque sorte l’horloge interne du corps qui contrôle le rythme de l’éveil et du sommeil sur une période de 24 heures. L’organisation circadienne ne serait pas stable avant deux ans.
Un nouveau-né dormirait environ 16 à 17 heures par jour par tranche de 3 ou 4 heures, entrecoupées d’éveils. A partir de trois mois, le bébé dort 15 heures par jour, avec de plus longues périodes de sommeil nocturne. Par la suite, la quantité totale de sommeil diminue très progressivement pour arriver, à l’adolescence, à 8 heures de sommeil quotidien. Néanmoins, le besoin et la quantité de sommeil présentent de grandes variations interindividuelles mais également des modifications au cours de la vie de chacun en fonction du caractère relationnel et affectif.
Les troubles du sommeil
Il est important de signaler qu’il existe un nombre important de troubles du sommeil, souvent banals et bénins. Le caractère bruyant ou extraordinaire des troubles ne témoignerait pas de leur gravité. C’est surtout leur intensité, leur fréquence et leur association à d’autres symptômes qui semblent inquiétantes. Ces perturbations du sommeil ne doivent pas être négligées car elles témoigneraient d’un malaise chez l’enfant, induisant un climat de tension familiale.
Soulignons trois grandes catégories de facteurs pouvant influencer l’endormissement et le sommeil :
Premièrement, les problèmes somatiques. Les troubles du sommeil seraient souvent secondaires à des affections organiques, à un trouble psychopathologique ou encore à la poussée dentaire. Il est donc nécessaire de les écarter avant de poser un diagnostic. Deuxièmement, le climat affectif présent entre l’enfant et ses parents et entourant la mise au lit ainsi que toutes les relations que l’enfant entretient avec son entourage.
Troisièmement, les conditions de vie et la culture. Au niveau des conditions de vie, il est terriblement important que l’enfant passe suffisamment de temps avec sa famille avant d’aller au lit. Par exemple, les séparations, les horaires, une vie trop ou peu mouvementée ont leur importance.

Pouvoir se détacher du monde éveillé
Le coucher, étape quotidienne de la vie d’un enfant, peut sembler banal. Et pourtant… Il apparaît être le moment de séparation par excellence autant pour l’enfant que pour ses parents.
Winnicott parle de “ l’expérience d’être seul, en tant que nourrisson et petit enfant, en présence de la mère.”. Il s’agit donc d’être seul avec quelqu’un. D’après cet auteur, la première expérience de solitude de l’enfant se ferait en compagnie de sa mère. La capacité à être seul apparait lorsque l’enfant a intériorisé l’image de l’objet absent. Cela se mettrait en place suite à des expériences de séparation et de retrouvailles. La séparation liée au coucher, ainsi que l’interruption de toutes les activités, contribuent à l’angoisse de l’enfant.
Afin de diminuer son angoisse, l’enfant doit être certain de retrouver son parent au réveil. Ainsi, il apprendrait doucement à le quitter et à s’abandonner au sommeil. L’enfant ne pourrait s’endormir que s’il se sent en sécurité. C’est le parent, en sentant ce dont son bébé a besoin, au bon moment, en l’apaisant, qui le permet. Petit à petit, le parent ne répond plus si vite aux demandes de l’enfant. Il expérimente alors le manque, et par cela, développe des objets psychiques pour y pallier. Il réussirait ainsi à s’apaiser seul et à se passer de son parent. Le rôle parental est majeur dans la gestion de l’angoisse liée au sommeil, permettant de mettre en place des capacités auto- apaisantes. Celles-ci sont définies comme la capacité de l’enfant à trouver la tranquillité nécessaire à son endormissement mais aussi la capacité à se rendormir seul lors de réveilsnocturnes. Dormir seul est un apprentissage pour l’enfant, dès son plus jeune âge.
Notons que l’endormissement et la séparation qui y est associée peuvent être un moment redouté par l’enfant mais aussi par les parents. Les difficultés de séparation pourraient également être présentes du côté des parents.
Les rituels d’endormissement
Pour aider l’enfant vers la transition veille/ sommeil, les routines et les rituels sont des temps de rapprochement émotionnel et d’affection qui aident les enfants dans la transition vers le sommeil et qui structurent la soirée. La famille adapte ses routines en fonction des enfants car tous les enfants n’ont pas besoin de la même routine. Les rituels de sommeil varient au sein de chaque famille. Un rituel fonctionne lorsque l’enfant et les parents en sont enchantés, que la quantité de sommeil est suffisante et que le comportement diurne est idéal.

L’apparition des rituels d’endormissement coïncident avec le moment où le sommeil, devenant synonyme de rupture et de séparation avec les parents, mais aussi avec les activités diurnes, serait habité par des images angoissantes. L’enfant a alors besoin de désinvestir le monde extérieur, les relations avec autrui, et se rassurer au sujet de la permanence de son environnement. Grâce aux rituels, il peut croire en sa capacité de contrôler et mieux accepter la régression imposée par lesommeil. La répétition présente dans ces rituels permettrait l’anticipation. Ainsi, l’enfant peut se rassurer en pensant que la nuit se passera aussi bien que la précédente.
Il semble important de ne pas ignorer les besoins et demandes de réassurance de l’enfant. Cependant, afin d’éviter les tensions, les parents devraient établir des limites douces mais fermes aux rituels. Il est important que le sommeil ne soit pas associé à une punition mais plutôt à un moment de plaisir.
Enfin, les rituels ainsi que l’aménagement des séparations évoluent en fonction de l’âge et du développement de l’enfant. Lorsque l’enfant grandit, ses exigences se modifient. Ceci explique qu’un rituel adéquat à un moment ne le serait plus par la suite. Les routines et rituels évoluent avec les interactions au sein de la famille.
Le mot de la fin
L’importance des parents dans l’aménagement du coucher et dans la gestion de la séparation qui lui est inhérente est primordiale. Le challenge consiste à osciller entre rendre l’enfant autonome et satisfaire son besoin de relation et d’attachement.
N’oublions pas le plaisir que l’enfant, mais aussi ses parents, peuvent prendre lors de ces moments de coucher. Si les rituels d’endormissement sont un moyen de défense contre l’angoisse, l’enfant pourrait prendre plaisir à répéter certaines habitudes chaque soir. Que ce soit la lecture d’une histoire ou le chant d’une berceuse, profitez de ces moments précieux avec votre enfant.