L’EMDR, c’est quoi ?

brain and heart symbols on white background

De plus en plus, on entend parler des thérapies EMDR mais de quoi s’agit-il exactement ?  

L’EMDR est l’acronyme de Eye Movement Desensitization and Reprocessing (désensibilisation et reprogrammation par des mouvements oculaires). Cette approche thérapeutique a été développée par Francine Shapiro, psychologue américaine en 1979. Cette méthode se base sur les balayements oculaires pour agir sur des souvenirs non traités qui sont stockés au niveau cérébral et qui influencent nos pensées, nos émotions et nos comportements. Ceux-ci réactivent des zones cérébrales liées aux sensations de peurs et de dangers.


Comment ça marche ?

De manière générale, lorsque nous sommes confrontés à un danger. Plusieurs zones du cerveau s’activent. Tout d’abord, le thalamus bloque l’information dangereuse vers la zone préfrontale. L’amygdale, système d’alarme cérébral, active l’hippocampe qui estime si le danger est connu et inconnu et envoie ainsi l’information au tronc cérébral qui provoque les comportements de fuite, d’attaque et de figement (freeze). Ceux-ci peuvent être adaptatif ou dysfonctionnel.

Dans la thérapie EMDR, il peut s’agir soit d’événements particulièrement violents, choquants et brusques ex : un accident de voiture. Soit, par exemple, des actions répétées de rejet et de solitude dans l’enfance. Les zones cérébrales liées au danger sont alors particulièrement activées. Cela peut créer des sentiments d’angoisse et de peur face à certaines situations. Le cerveau peut être dépassé par une information traumatique qu’il n’arrive plus à gérer et qui impact les émotions, les cognitions et les comportements. Ce sont donc des souvenirs stockés, de manière dysfonctionnelle, qui sont à la base des difficultés que rencontrent la personne. Les aspects sensoriels, physiques, émotionnels, cognitifs de l’expérience traumatique sont organisés en réseaux de mémoire. Ces expériences de vie négatives engendrent des dysfonctionnements actuels qui impactent la personne de façon négative et qui peuvent être considérées comme des traumas. Ce sont ces souvenirs non traités, qui engendrent de la souffrance chez la personne. Les comportements, les croyances, les émotions et les sensations sont donc des manifestations de ces souvenirs non traités. 

L’utilisation de l’EMDR va agir sur ces souvenirs non-traités. Ceux-ci constituent la cible de traitement qui représente le focus de la thérapie. Le traitement EMDR donne accès à ces réseaux dysfonctionnels et permet de retravailler ces informations pour qu’elles puissent être évoquées de manière consciente sans plus susciter de débordement émotionnel. 


L’EMDR induit des mécanismes neurobiologiques qui facilitent l’activation des souvenirs non-traités et favorisent leur traitement. En effet, il s’agit de retraiter des expériences de vie négatives afin de les intégrer de façon positive et adaptative. Par la thérapie EMDR, l’information « passe » au niveau du cortex préfrontal, zone narrative, qui permet de revivre l’expérience traumatique sans activer les réseaux mnésiques dysfonctionnels et les comportements, émotions, cognitions négatives et génératrices de souffrance. Le retraitement de l’information se fait donc au niveau cérébral et permet à la personne d’intégrer des expériences passées qui peuvent être considérées comme des traumatismes. 

Pour conclure

En conclusion, la thérapie par l’EMDR s’adresse donc à toutes personnes ayant subit un événement traumatique dont l’impact influence négativement, les émotions, les cognitions et les sensations. Par exemple, dans des cas de PTSD, de troubles anxieux, de phobies, etc.

Les traumas plus complexes, qui atteignent de façon ancrées l’estime de soi et les capacités relationnelles et dont l’angoisse ressurgit fréquemment de façon disproportionnée dans le quotidien, nécessitent une prise en charge plus globale. La préparation aux séances d’EMDR et la thérapie est plus longue. 

L’EMDR peut donc être indiqué pour toutes situations ayant un impact traumatique sur la personne. Néanmoins, le critère principal est la stabilité du patient. En effet, les ressources de la personne et les capacités adaptatives doivent être développées avant de retraités des souvenirs traumatiques. Cette thérapie ne peut donc pas être utilisée dans des situations de maladie mentale décompensée ex : la psychose. Il est important de pouvoir travailler de façon sécure.


Sophie de Le Hoye

Psychologue clinicienne – Psychothérapeute d’orientation systémique et familiale – Praticienne EMDR